Ma mère est écrivaine. Genre, elle a déjà publié plein de bouquins et même des articles dans des magazines d’art. Depuis le CP, elle me faisait relire ses textes. Et le soir, c’était moi qui lui inventais des histoires pour l’endormir.
Elle me laissait croire que mes personnages vivaient dans ses romans. Du coup, je me vantais et je racontais à tout le monde à l’école, qu’on écrivait des livres à deux. Spoiler : c’était pas vrai. Mais un jour, j’ai vraiment écrit mon propre conte, mdr!
Mars 2020. J’avais 9 ans. Je suis partie avec ma mère à Melbourne parce que ma grand-mère était malade. Les médecins disaient que c’était bientôt la fin.
Ma mère passait toutes ses journées à l’hôpital avec elle. Moi j’étais là, assise au bord du lit, à trouver le temps trop looong.
Alors j’ai commencé à inventer une histoire rien que pour ma grand-mère : « les crapauds qui ne voulaient pas devenir princes ». Dans un royaume qu’on ne trouve sur aucune carte, vivaient des crapauds, libres et heureux… jusqu’au jour où on les transforme en princes charmants. Mais eux ne veulent pas du tout cette vie-là . Alors ils se révoltent et se battent. Une fille qui parle aux animaux débarque, avec son pote le Vent Farceur, et ensemble ils préparent une potion magique.
Ma grand-mère adorait. Elle me demandait toujours d’ajouter des détails, de nouveaux persos.
Et puis, quand nous sommes arrivées à la fin de l’histoire… c’était aussi la fin de sa propre histoire. Ou peut-être l’inverse. Son départ a mis un point final à notre conte.

Quand je suis rentrée à Paris, j’ai décidé d’écrire tout ça pour garder un souvenir. Les mots venaient tout seuls, comme si elle me soufflait les phrases.
J’ai montré le texte à ma mère → direct corrections (et y’avait du boulot hehehe). Puis elle m’a présentée à Émilie, une jeune illustratrice trop talentueuse qu’on suivait sur Insta. En quelques mois, KABOUM, elle avait fini les dessins.
Un éditeur nous a proposé de publier le conte, mais ma mère a refusé. Elle voulait qu’on fasse de l’auto-édition ou je sais pas quoi. Elle m’a expliqué que ce n’était pas pour l’argent, mais pour donner envie aux enfants de lire. Et puis, avec une maison d’édition, le prix du livre aurait explosé.
Résultat : avec Amazon, mon livre peut être commandé partout, Paris, Sydney, New York. Et il existe en français, en anglais et en vietnamien.
Donc si toi aussi t’as un carnet plein d’histoires ou des textes qui traînent sous ton lit, sache que OUI, tu peux publier ton livre et le partager avec le monde entier
Par Jolie Pho-Jackson