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Entre spleen viril et clichés fatigués, la série "Adolescence" nous a laissés perplexes.

Par Violette Gauthier

CRITIQUE – On s’attendait à un miroir sans filtre de la jeunesse… et on a eu un long plan fixe sur des garçons en crise, sans vrai recul.Et si la série flirtait un peu trop avec les codes incels et la glorification du mal-être ? Esthétique léchée, mais propos bancal : L’Impertinent décrypte ce rendez-vous manqué.

Et si on arrêtait de romantiser le malaise masculin ?

On nous a vendu « Adolescence » comme un portrait brut et sensible de la jeunesse d’aujourd’hui. Mais à y regarder de plus près, derrière les filtres sombres et les visages fermés, la série laisse un goût un peu amer. Pourquoi ? Parce qu’elle semble plus à l’aise pour montrer la colère des garçons que pour la questionner. Des garçons paumés, ok. Mais faut-il leur trouver des excuses à tout prix ?

Entre solitude, rejet, frustration, certains personnages masculins flirtent franchement avec les discours incels. Le pire ? La série ne les contredit pas. Pas un mot sur les vraies causes de leur mal-être. Pas de remise en question, pas d’alternative. Comme si “être un mec ado = être en rage”. Euh… non.

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Et les filles ?

Sympas… Mais clairement accessoires dans la série. Qu’elles soient “trop jolies”, “trop sûres d’elles”, ou “trop gentilles”, les personnages féminins manquent cruellement de profondeur et servent surtout à faire avancer les intrigues des garçons. Leur propre complexité passe à la trappe. Et si on leur donnait enfin la place qu’elles méritent ?

Une esthétique canon pour des idées bancales ?

Oui, c’est bien filmé. Le plan séquence, une prouesse technique, nous implique dans le drame en temps réel. Oui, les acteurs se surpassent. Oui, les silences sont puissants. Mais au fond, qu’est-ce qu’on nous dit ? Que la violence, la jalousie, la rancune, c’est stylé ? Ce flou artistique dessert complètement le propos.

À l’arrivée, un rendez-vous (presque) manqué

Ce n’est pas qu’on déteste la série. C’est qu’on en attendait plus. Plus de nuances. Plus de lucidité. Moins de clichés virilistes enrobés de spleen.
La vraie adolescence mérite mieux. Elle est plus subtile, plus joyeuse aussi. À quand une série qui ose le dire ?

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